Anne VAILLAND
STEYERT
AVE
poèmes
ACM édition 1993
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SYMPHONIE Huile sur toile 81 x 100 cm - 1992 |
SYMPHONIE (Huile sur toile 81 x 100)
à
Marie-Haude
Il dit:
A peine murmurés
-esquisse de l'archet-
les pas de l'aimée,
parés de nuit vive et
de soie sombre,
s'en iront vers la
transparence promise
de mes songes.
Elle dit:
La manne née des aurores
fut douce à mes pas
ensablés.
Mais long est l'exode
dans les ruses de la toile
et les risques de la joie.
Ma route est l'épousée
d'un
souffle inachevé.
Du pain lève-t-il de
ce qui n'est point
pétri ensemble ?
Ni épuisée, ni rassasiée,
l'oeuvre est à l'oeuvre
d'une symphonie de dédales
et passerelles,
de plaintes et de louanges,
dit le peintre.
L'oasis est au seuil de la toile
et c'est toujours plus loin.
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MA LOIRE Huile sur toile 54 x 65 cm - 1992 |
MA
LOIRE
Ses riverains au doux
regards d'aquarelliste,
ses inattendus coulés
dans l'aube ardoisière
seront ta postérité.
A
la pointe de l'aval, la légèreté aquatique de la
connivence
abrège son périmètre d'attente, et la
modestie
provinciale mâtinée à de gourmandes
probabilités
donne à la nassse de l'estuaire la
souplesse
d'un rythme chevillé aux traverses du vent
prodigue.
Avec l'air de
l'enfance qu'ont les étonnements qui
n'avancent pas en âge,
ma Loire nage à fleur d'une
haute réciprocité.
"Seront-ce joyaux
ou abîmes ? Vient-il
mon océan, pour
prendre ou pour donner ? "
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VARIATIONS 1 Huile sur toile 81 x 65 cm - 1994 |
VARIATIONS 73x92
En mémoire de mon grand père Gabriel Ancelin tué à
Verdun le 8 juin 1916
et de l’Allemand Peter Schwartz, tué le même
jour.
Premier pinceau.
Des éclats d’épave alarment l’œil riverain.
Toile-escale, amère persévérance.
Deuxième pinceau.
Terre et mer s’accordent, invalides,
dans l’horizon strié de baïonnettes.
Troisième pinceau.
Au cœur des tranchées qui abrègent la vie,
indomptée, une nef.
Entoilés, les bris du deuil
sont sans mémoire prévisible.
Anne VAILLAND STEYERT
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Robert
STEPHAN, 11 juin 2010
Je garde un
très bon souvenir de Paris , c'était comme un grand et long rayon de lumière et
de chaleur amicale.
J'ai lu le
texte de l'inauguration de l'expo de Marie-Haude ;Je le trouve beau, un peu
trop beau même ; il est plus tourné sur lui même que
sur le
travail de Marie-Haude . Je crois que dans ce cas ;c'est plus la peinture qui a
servi d'illustration au texte que le contraire.
Mais cela
arrive dans la majorité des cas ,et il reste très difficile de parler de la
peinture .On peut parler du peintre, de ce qu'on connait de lui,
d'une histoire,
de son contact avec lui, de l'effet que produit sa peinture sur nous, de notre
regard sur elle ,de l'émotion qu'elle nous procure,
de la porte
que cette émotion ouvre dans notre propre sensibilité, et le vécu émotif
qu'elle réveille en nous.
Ce que je
garde de ce beau texte ;c'est que la peinture de Marie-Haude par sa qualité a
ouvert la volonté de la même "qualité" chez celui qui a essayé
de la
décrypter et de la transcrire en mots .
En ce sens
la peinture de Marie-Haude, atteint le but des œuvres vraies; elle nous fait
regarder avec ce que nous avons de meilleur.
Son travail
n'ayant rien de dogmatique, il nous permet de rester nous même de nous laisser
entrainer dans son élan.
Encouragé
et mis en confiance, nous osons notre sensibilité.
La quête et
les aternoiements de nos compagnons de route nous sont indispensables pour
tenir et avancer
Là je me
laisse un peu aller, est ce le fait de vouloir mettre des mots sur mes intimes
convictions ? la volonté de dire ce qui fait la force de sa peinture ?
ou
l'intuition que nous partageons cette difficile quête de beauté vraie.
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Michel BENARD mai 2010
Marie-Haude Steyert,
le délié pictural d’une discrète confidence.
C’est avec le plus
grand plaisir que nous accueillons en complicité d’expression avec la
romancière Malhya de Saint Ange, aux cimaises de notre espace culturel Mompezat
une artiste de la qualité Marie-Haude Steyert qui nous vient de Strasbourg.
Marie-Haude a déjà un
parcours d’artiste confirmée, une longue et lente évolution vers une manière
épurée, elle porte ce besoin d’avancer vers l’essentiel, peut-être veut-elle
recomposer selon ses critères une genèse nouvelle ?
Notre artiste expose
régulièrement en galeries, en collectif, ainsi que dans les principaux salons
d’art contemporain, comme par exemple prochainement le salon de Mai.
La peinture de
Marie-Haude Steyert s’impose à nous comme un long silence profond, une
invitation à la réflexion, accentuée par la composition de larges plans sourds.
Avant de progresser
vers un univers associé au monde de l’abstraction, Marie-Haude Steyert composa
des œuvres dans l’esprit d’une figuration moderne et libérée, traitant parfois
de thèmes musicaux, ce qui semble s’imposer par déduction logique puisque
Marie-Haude Steyert est aussi compositrice, et il résonne encore en ma mémoire
les variations du très beau requiem, mais aussi des œuvres à connotations
spirituelles, des œuvres également aux techniques variées, dans un style de
passé érodé, de vieilles épaves oubliées, de fenêtres baillant sur l’inconnu,
des personnes diaphanes simplement suggérés, de linge balayé par les vents,
d’impalpables impressions marines déclinant progressivement vers
l’abstraction.
Puis vers 1995-1996,
tout se précipite vers une nécessité abstractive. Nous pénétrons dans la magie
insondable et intemporelle de l’informel, la touche picturale large en est le
révélateur.
Le seul délié du coup
de pinceau doit tout dire, tout contenir, dans un langage de volumes et de
valeurs chromatiques codés.
Pour Marie-Haude
Steyert, une œuvre doit se composer un peu selon l’édification d’une partition,
note après note, touche après touche, à la fois maîtrisée et hasardeuse.
S’il m’était demandé
de prescrire une recommandation, une suggestion plus précisément, je vous
inviterai afin de mieux percevoir les œuvres de notre amie, de regarder le
tableau dans son intégralité, en ne tentant surtout pas de vous laisser
influencer pour l’attachement à une image, une forme se référant à la réalité,
au concret.
Il est plus sage, il
me semble de se laisser imprégner, de visualiser l’œuvre en globalité, de la
ressentir dans sa composition, ses valeurs, ses volumes, ses rythmes
harmoniques et de n’en extraire que la quintessence poétique.
Nous percevons chez
Marie-Haude Steyert, un jeu de réminiscences, une sorte de voyage dans la
mémoire, mais aussi une écriture qui nous plonge dans un silence de cendre.
Symbolique de la
fragilité temporelle !
Dans ses compositions
tout est délicatesse, subtilité des lignes, des plans, des espaces. De temps à
autre, elle joue avec les clairs-obscurs qui par une simple ligne peut évoquer
toute la force et l’importance de la lumière, le minéral se mêle à l’aquatique,
un vert pacifie le monde que réveille une simple note rouge.
Un cercle de feu peut
souligner une trace calligraphique en pénétrant les brumes silencieuses.
Parfois il nous arrive
de frôler le monochrome, mais ne nous y trompons pas, tout y est nuancé,
modulé, délicatement esquissé.
L’ocre se place en
écho avec le pourpre, le gris rehausse une note beige, une lueur infinie
détonne sur les degrés des ténèbres.
Un quatuor noir
s’étonne d’un carmin ou d’un cæruleum.
Puis si l’on poursuit
notre cheminement, si nous osons l’aventure du labyrinthe, nous sommes
confrontés à l’énigme des visages suggérés, des silhouettes d’ombres, ou
filigrane d’un suaire secret.
L’univers humain se
révèle par un flou, une apparence évanescente, dans un regard vers l’au-delà,
sous l’action d’une fréquence intemporelle.
Espérance et
dramaturgie se conjuguent, l’être indéfini se veut androgyne et porte
l’intégralité du mystérieux dédoublement des origines.
Ceci n’est pas
perceptible au premier abord, c’est pourquoi il est indispensable de se plonger
et de s’imprégner des œuvres de Marie-Haude Steyert.
Peut-être n’est-ce
qu’un vitrail de l’âme, une discrète confidence, une miraculeuse promesse qui
nous permet de redécouvrir nos racines par un reflet lustral.
C’est une évidence,
Marie-Haude Steyert nous propose un monde à l’écart des rumeurs de la terre.
C’est l’intime
proposition d’une approche intemporelle.
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